Méditations du carême| Vendredi saint

Un unique vêtement. Une unique miche de pain. Une unique coupe.

Nous sommes des pauvres affamés. Nous festoyons ensemble, étant ensemble témoins de Dieu, vêtus de justaucorps déchirés, assis sur des chaises en plastique.

Nous buvons toujours du jus. Nous le faisons cependant différemment, maintenant. Nous nous levons, rangée par rangée, pour nous diriger vers l’avant où les anciens, debout, tiennent une miche de pain et une unique coupe de jus de raisin Welch. Nous arrachons ensemble un peu de pain croustillant, pendant que je me demande si j’en prends trop – quelle quantité du corps de Jésus suis-je censée prendre? Combien dois-je en laisser? Je ne veux pas faire comme les gens des églises de Corinthe, accaparant la nourriture, pourtant je veux vraiment goûter à Jésus – puis nous trempons dans le jus le pain, lequel devient mauve, alors même que nous amenons Jésus à nos lèvres, son corps, son sang, une miche, une coupe. Nous avons parfois les doigts mauves également. Cela fait plus durable, davantage éternel.

Nous retournons aux chaises en plastique, maman en fredonnant un air, moi en pensant au vêtement sans couture du Christ, au fait que même quand les soldats l’ont saisi en tirant dessus, il ne s’est pas déchiré. À quel point Satan saisit l’Église, l’agrippant et l’étirant, mais au bout du compte, cette dernière reste un unique vêtement. Une unique miche de pain. Une unique coupe. Consommée, versée pour une multitude, pourtant jamais vide.

Nous nous assoyons. Maman joue avec son sac à main pendant que je réfléchis au fait que Jésus a eu soif. «J’ai soif», a-t-il dit durant ses derniers moments, dans la plénitude de son humanité, dans le seul but d’accomplir les Saintes Écritures. Peut-être ne voulait-il pas que nous rations ses dernières paroles. Il s’est humecté la gorge pour que toutes les puissances et toutes les principautés l’entendent déclarer: «Tout est accompli», en mourant.

Il a eu soif, de sorte que nous n’ayons plus jamais soif…

Je pense à la coupe remplie de larmes, remplie de chagrin. Je pense à Jésus implorant son Père de l’éloigner, «toutefois que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite», puis à l’eau qui va couler du temple, à Jérusalem, durant les derniers jours. Zacharie dit que ce sera une eau-de-vie, comme celle qui coule du temple en Ézéchiel, rendant tout nouveau. Des arbres poussant de chaque côté de la rivière et servant à guérir et à nourrir les nations. Passablement comme dans le jardin d’Éden.

Ô, si nous pouvions seulement être affamés! Si nous pouvions être assoiffés!

De ce pain brisé et de ce vin versé.

(Extrait du nouveau mémoire d’Emily, intitulé God Who Became Bread [Dieu s’étant fait pain])

Emily Wierenga

auteure du livre God who Became Bread (Dieu s’étant fait pain), présidente de la fondation
The Lulu Tree Foundation

Prière

Cher Père: merci d’avoir offert ta vie pour que nous puissions ne plus jamais avoir soif. Merci d’être devenu du pain brisé, pour que nous puissions ne plus jamais avoir faim. Pardonne-moi de me laisser attirer, de toujours me laisser attirer par l’ombre des choses, alors que le vrai, c’est toi. Tu es tout ce qui est bon et durable. Remplis-moi, Seigneur, jusqu’à en déborder, pour que je puisse nourrir ton monde, Seigneur. Pour le bien de ta gloire et en ton nom, je prie. Amen.

Mise en pratique

Chers amis: par quoi vous laissez-vous attirer, aujourd’hui? Est-ce par quelque chose à manger, par quelque chose à boire ou par les réseaux sociaux? Peu importe, Jésus vaut mieux que cela. Rêvez-vous d’avoir plus, mes amis? Êtes-vous prêts à laisser de côté les choses qui ne satisfont jamais, pour vous remplir de celui qui peut le faire? Quand vous vous sentez vides, il est suffisant. Venez, laissez-le vous donner du repos. Venez déposer votre chagrin et prendre de sa paix. Jésus n’en manque jamais.